Place de parking privée squattée : que faire légalement ?
Cette situation frustrante touche quotidiennement des milliers de propriétaires et locataires en France. La loi vous protège mais impose une procédure stricte : vous ne pouvez pas déplacer vous-même le véhicule ni le bloquer sans risquer des poursuites pour dégradation ou vol. Le Code de la route encadre précisément les conditions d’enlèvement d’un véhicule en stationnement abusif sur propriété privée.
Concrètement, vous devez d’abord prouver votre droit exclusif sur la place (titre de propriété, bail de location, règlement de copropriété), documenter l’occupation par photos datées avec l’immatriculation visible, puis suivre une démarche progressive : tentative amiable avec mot sur le pare-brise, mise en demeure par lettre recommandée avec délai de 8 jours, puis intervention de la police pour mise en fourrière si nécessaire. L’article L325-12 du Code de la route autorise l’enlèvement d’un véhicule occupant irrégulièrement un stationnement privé non ouvert à la circulation publique.
Voici la procédure complète et les pièges à éviter pour récupérer légalement votre place sans vous mettre hors-la-loi :
| Étape | Action à mener | Délai |
|---|---|---|
| 1. Documentation | Photos datées + immatriculation + preuve de propriété | Immédiat |
| 2. Tentative amiable | Mot sur pare-brise demandant départ | 24-48h |
| 3. Mise en demeure | Lettre recommandée AR au propriétaire identifié | 8 jours |
| 4. Intervention police | Demande d’identification puis mise en fourrière | 2-5 jours |
| 5. Référé judiciaire | Action en justice si procédures échouent | 2-4 semaines |
| 6. Prévention | Installation barrière/arceau pour éviter récidive | Définitif |
À retenir
Les règles essentielles face à un parking squatté
Interdiction de déplacer vous-même
Déplacer ou bloquer le véhicule sans autorisation = délit passible de poursuites pour vol ou dégradation. Suivez la procédure légale obligatoirement.
Documentation photographique obligatoire
Photographiez immatriculation, date/heure, marquage au sol et panneau « Privé ». Ces preuves sont indispensables pour toute procédure.
Mise en demeure avec délai de 8 jours
Envoyez une lettre recommandée AR au propriétaire du véhicule lui accordant 8 jours pour libérer la place avant mise en fourrière.
Installation de dispositifs préventifs
Après libération, installez arceau verrouillable ou borne escamotable pour empêcher toute récidive définitivement.
Comment prouver qu’une place de parking privée est squattée ?

Avant toute action, prouvez que vous êtes bien titulaire de cette place de stationnement. Rassemblez votre titre de propriété si vous êtes propriétaire de la place (acte notarié mentionnant explicitement le lot parking avec son numéro), votre contrat de bail si vous êtes locataire avec place attitrée (le bail doit préciser le numéro ou l’emplacement exact de la place), ou le règlement de copropriété si vous êtes copropriétaire (il indique la répartition des places entre les lots). Sans ces documents, vous ne pourrez pas engager de procédure légale.
Vérifiez que votre place est bien sur un espace privé fermé à la circulation publique. Un parking en sous-sol d’immeuble, une cour privée avec portail, ou un box fermé constituent des espaces privés. En revanche, un parking ouvert au public (centre commercial, parking de surface sans barrière) relève d’un régime juridique différent avec intervention facilitée de la police. L’article L325-12 du Code de la route ne s’applique qu’aux parkings privés non ouverts à la circulation publique.
Identifiez le marquage et la signalisation de votre place. Une place clairement numérotée au sol, avec panneau « Privé – Place n°X réservée » ou « Propriété privée – Stationnement interdit sauf ayants droit » renforce considérablement votre position juridique. Photographiez ces éléments : ils prouveront que le stationnement était manifestement abusif et que l’occupant ne pouvait ignorer qu’il squattait une place privée. Sans marquage visible, votre dossier sera plus fragile même si vous êtes dans votre droit.
Quelles preuves rassembler immédiatement ?
Prenez des photos complètes et datées du véhicule squatteur. Photographiez obligatoirement : la plaque d’immatriculation en gros plan et lisible, le véhicule entier dans son environnement montrant qu’il occupe votre place, le marquage au sol avec le numéro de votre place visible, le panneau « Privé » ou « Réservé » s’il existe, l’horodatage avec l’heure et la date (utilisez une application photo qui intègre automatiquement ces données). Renouvelez ces photos à plusieurs moments pour prouver l’occupation durable.
Conservez tous vos justificatifs de droit : copie du titre de propriété, bail de location mentionnant la place, règlement de copropriété, dernière facture de charges incluant la place de parking, quittance de loyer si vous louez la place séparément. Numérisez ces documents et gardez-les accessibles : vous devrez les présenter à la police, au syndic, ou au tribunal selon l’évolution de la procédure. Sans preuve de votre droit, aucune autorité n’interviendra.
Recherchez des témoignages si possible. Un gardien d’immeuble, un voisin de parking, le syndic de copropriété, ou d’autres copropriétaires peuvent attester par écrit que cette place vous est attribuée et que le véhicule en question n’a aucun droit de s’y trouver. Ces témoignages écrits datés et signés renforcent votre dossier, particulièrement si vous devez aller jusqu’au référé judiciaire. Notez également depuis combien de temps le véhicule occupe votre place : quelques heures, plusieurs jours, des semaines ? La durée aggrave le préjudice.
Quelle procédure amiable pour libérer une place de parking squattée ?
Laissez un mot courtois sur le pare-brise si vous ne connaissez pas le propriétaire du véhicule. Rédigez simplement : « Cette place de parking est privée et m’appartient / m’est louée [précisez]. Merci de déplacer votre véhicule rapidement. En cas de récidive, je serai contraint d’engager une procédure d’enlèvement. Contact : [votre téléphone ou email]. » Glissez ce papier sous l’essuie-glace côté conducteur. Cette approche résout le problème dans 40% des cas si l’occupation résulte d’une erreur de bonne foi.
Si vous identifiez le propriétaire (voisin d’immeuble, habitant du quartier), contactez-le directement par téléphone ou en sonnant à son domicile. Expliquez calmement la situation et demandez fermement le départ du véhicule. Confirmez ensuite cet échange par écrit (email ou courrier simple) pour garder une trace. Cette démarche directe évite l’escalade et préserve les relations de voisinage. Fixez un délai raisonnable : 24 à 48 heures pour libérer la place.
En l’absence de réponse, envoyez une mise en demeure formelle par lettre recommandée avec accusé de réception. Rédigez : « Madame, Monsieur, Je constate que votre véhicule immatriculé [numéro] occupe sans droit ma place de parking privée n°[numéro] située [adresse] depuis le [date]. Je suis [propriétaire/locataire] de cette place comme en atteste [document joint en copie]. Je vous mets en demeure de retirer votre véhicule dans un délai de 8 jours à compter de la réception de ce courrier. À défaut, j’engagerai une procédure d’enlèvement aux frais et à vos risques conformément à l’article L325-12 du Code de la route, et me réserve le droit de réclamer des dommages-intérêts pour le préjudice subi. Fait à [ville], le [date]. [Signature]. » Conservez l’accusé de réception : il prouve que vous avez respecté la procédure contradictoire.
Comment faire enlever un véhicule qui squatte votre parking privé ?

Une fois le délai de 8 jours expiré sans résultat, contactez le commissariat ou la brigade de gendarmerie territorialement compétente. Présentez-vous avec votre dossier complet : photos du véhicule avec immatriculation, preuve de votre droit sur la place, copie de la mise en demeure envoyée avec l’accusé de réception, constat de l’occupation persistante. Expliquez que vous sollicitez l’identification du propriétaire du véhicule via le fichier des immatriculations, puis la mise en fourrière du véhicule pour stationnement abusif sur propriété privée.
Attention : sur un parking privé fermé à la circulation publique, l’intervention de la police n’est pas automatique. Les forces de l’ordre peuvent identifier le propriétaire du véhicule via la plaque mais n’ont pas toujours l’obligation d’intervenir immédiatement pour l’enlèvement. C’est le « maître des lieux » (vous-même en tant que propriétaire, ou le syndic de copropriété, ou le bailleur) qui doit formellement demander l’enlèvement. Les articles R325-47 à R325-52 du Code de la route encadrent ces modalités.
La procédure de mise en fourrière se déroule ainsi : la police identifie le propriétaire et lui notifie l’obligation de retirer le véhicule sous 24 heures. Si le véhicule n’est pas déplacé, la police mandate une société de fourrière agréée pour l’enlèvement. Les frais de fourrière (enlèvement + gardiennage journalier) sont à la charge du propriétaire du véhicule squatteur. Comptez 150-200€ d’enlèvement + 10-15€ par jour de garde. Vous n’avancez aucun frais. Le véhicule reste en fourrière jusqu’au paiement par son propriétaire.
Que faire si la police refuse d’intervenir pour un parking squatté ?
Certaines forces de l’ordre hésitent à intervenir sur les parkings privés, estimant qu’il s’agit d’un litige civil entre particuliers. Si vous rencontrez ce refus, demandez par écrit (main courante ou courrier) la raison du refus d’intervention. Insistez sur le fait que l’article L325-12 du Code de la route prévoit expressément la possibilité d’enlèvement pour stationnement abusif sur propriété privée non ouverte au public, et que vous remplissez toutes les conditions.
Saisissez le syndic de copropriété si vous êtes en copropriété. Le syndic, en tant que représentant légal de la copropriété, dispose d’une légitimité renforcée pour demander l’intervention des autorités. Il peut écrire officiellement au commissariat en tant que « maître des lieux » et exiger l’application de l’article L325-12. Cette démarche collective pèse plus lourd qu’une demande individuelle. Le syndic peut également mandater un huissier pour constater l’occupation illicite.
Engagez un référé d’heure à heure auprès du tribunal judiciaire si toutes les démarches échouent. Cette procédure d’urgence permet d’obtenir en quelques jours une décision de justice ordonnant l’expulsion du véhicule sous astreinte. Vous devez faire appel à un avocat (coût : 800-1500€) mais vous pouvez ensuite réclamer ces frais au squatteur si vous gagnez. Le juge des référés intervient en cas de trouble manifestement illicite : l’occupation sans droit d’une place privée après mise en demeure entre dans ce cadre.
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Quelles erreurs ne jamais commettre ?
Ne déplacez jamais vous-même le véhicule même si vous disposez d’un chariot élévateur ou d’une dépanneuse. Déplacer un véhicule sans l’autorisation de son propriétaire constitue un vol au sens de l’article 311-1 du Code pénal, passible de 3 ans de prison et 45 000€ d’amende. Peu importe que le véhicule soit sur votre propriété : vous n’avez pas le droit de vous faire justice vous-même. Seule une société de fourrière mandatée par la police peut légalement déplacer le véhicule.
Ne bloquez pas le véhicule en installant une chaîne, un sabot de Denver, ou en garant votre propre voiture devant pour l’empêcher de sortir. Cette séquestration de bien peut être qualifiée de voie de fait et vous expose à des poursuites. Le propriétaire du véhicule pourrait porter plainte contre vous et obtenir des dommages-intérêts. Respectez la procédure légale qui passe par la mise en demeure puis l’intervention des autorités compétentes.
Ne dégradez rien sur le véhicule : pas de rayures, de crevaison de pneus, de bris de rétroviseurs ou de pare-brise. Ces actes de vengeance constituent des dégradations volontaires punies par l’article 322-1 du Code pénal : jusqu’à 2 ans de prison et 30 000€ d’amende. Vous passeriez du statut de victime à celui d’auteur d’infraction. Gardez votre calme et suivez la voie légale qui vous protège et vous donne raison.
Comment empêcher qu’une place de parking privée soit squattée à nouveau ?

Installez un arceau de parking verrouillable dès la libération de votre place. Ces dispositifs métalliques rabattables se fixent au sol par scellement chimique, se relèvent pour bloquer l’accès, et se verrouillent avec cadenas ou serrure à clé. Coût : 80-150€ pour un modèle robuste. Installation par un professionnel : 100-200€. Cet investissement de 200-350€ élimine définitivement le problème du stationnement abusif. Aucun véhicule ne peut accéder à votre place sans que vous ne rabaissiez l’arceau.
Renforcez la signalisation visible de votre place. Faites poser un panneau métallique ou PVC rigide fixé au mur indiquant clairement : « Propriété privée – Place n°[X] – Stationnement strictement réservé – Tout véhicule non autorisé sera enlevé et mis en fourrière aux frais du propriétaire« . Complétez par un marquage au sol avec peinture routière jaune ou blanche : numéro de la place en gros caractères, délimitation des contours. Cette signalisation claire dissuade 90% des stationnements abusifs.
Si vous êtes en copropriété, travaillez avec le syndic pour sécuriser l’ensemble du parking. Installez un contrôle d’accès par badge, digicode ou télécommande pour le portail ou la porte du parking. Les copropriétaires et locataires reçoivent un moyen d’accès personnel, ce qui empêche les véhicules extérieurs d’entrer. Coût pour la copropriété : 2000-5000€ selon taille du parking, amorti sur tous les lots. Proposez cette amélioration en assemblée générale.
Face à une place de parking privée squattée, suivez impérativement la procédure légale pour éviter de vous mettre hors-la-loi. La tentation de faire justice soi-même est forte mais expose à des poursuites pénales plus graves que le préjudice initial. Documentez l’occupation, tentez l’amiable, mettez en demeure par lettre recommandée, puis faites intervenir la police pour identification et mise en fourrière. Cette séquence prend 10 à 20 jours mais vous protège juridiquement.
Une fois la place libérée, investissez dans la prévention : arceau verrouillable et signalisation claire éliminent quasi totalement les récidives pour un coût modéré de 200-400€. Cet investissement évite des semaines de procédures répétées et le stress permanent de retrouver sa place occupée. La sécurisation physique reste la solution la plus efficace à long terme.




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